• Dans un entretien déjà ancien Miyamoto déclare les gens moins intéressés par les grandes aventures se comptant en douzaines d’heures. Le jeu vidéo épique est-il menacé ? Peu probable. Mais les gamers d’hier, rattrapés par les exigences de la vie adulte, privilégient désormais le court.

    « Au Japon, il y a beaucoup de trains qui ont des parties réservées pour les personnes âgées ou les femmes enceintes. Les jeunes s’assoient parfois sur ces sièges réservés, mais s’il y a des gens qui en ont vraiment besoin, vous devez laisser la place. Mais la plupart des jeunes s’en fichent ! Ca me révolte. Si je pouvais faire un jeu qui, d’une manière ou d’autre, inculque aux jeunes le respect des plus âgés… » A 54 ans, Shigeru Miyamoto, le designer du sautillant Mario, a livré il y a quelques jours l’une de ses interviews les plus personnelles, presque intime, au magazine Entertainment Weekly. Entre autres sujets abordés : sa participation aux projets de son fils, son désir de concevoir des titres inculquant le sens des responsabilités, son choix délibéré de ne pas suivre les chemins tracés par les blockbusters américains tels que Halo, ainsi que les fortunes de Twilight Princess au Japon. Curieusement, malgré l’excellent accueil réservé au titre en Occident, le pays nippon semble bouder le dernier opus de la série. Miyamoto avance quelques explications : la console est encore difficile à trouver, le type de public qui achèterait la Wii ne serait pas nécessairement intéressé par ce genre de jeux… « Mais principalement, je pense qu’il y a de moins en moins de gens qui ont envie de jouer à un gros jeu de rôle tel que Zelda, » conclut-il.

    Le mot « gros », bien entendu, est un peu vague. Mais il est probable que Miyamoto ait voulu là, au moins à un certain degré, faire allusion à la taille d’un jeu, comptée en heures nécessaires pour le parcourir du début jusqu’à la fin. Le designer japonais n’est d’ailleurs pas le seul à constater que moins de joueurs ont envie de passer des journées voire des semaines entières sur le même titre. Denis Dyack, responsable du studio Silicon Knights, au travail sur le prochain Too Human, était arrivé il y a quelques jours à une conclusion similaire. « Legacy of Kain proposait une aventure d’une soixantaine d’heures, mais les jeux ont changé, a-t-il expliqué au magazine Games Industry. Ce genre d’approche n’intéresse plus les gens. Je me fiche de savoir si tel ou tel titre est génial, je ne veux plus jouer à quelque chose qui nécessite cent heures pour en voir la fin. Je suis fan de world of warcraft , mais pourtant j’ai dû arrêter. Sauf à acheter du wow gold chez les farmers online »

    Encore faut-il savoir de quels « gens » on parle et un article paru chez Gamasutra semble donner la réponse. Sont visés ici non pas les jeunes joueurs mais le fameux grand public, composé aussi bien de nouveaux venus sur le tard (anecdote intéressante : ma boulangère de 43 ans s’est laissé convaincre par la Wii il y a quelques mois, sa toute première console de jeux vidéo) que d’anciens gamers, ceux qui hier pouvaient passer des nuits sur Diablo, Runescape ou Counter-Strike en réseau et qui doivent désormais jongler avec des boulots à plein temps et/ou des vies de famille. « Il se passe quelque chose de surprenant lorsque vous grandissez et que vous entrez dans l’âge adulte, remarque un lecteur dans l’article de Gamasutra. Tout d’un coup, la vie prend tellement de votre temps que les longues sessions de jeu sont désormais proscrites. En plus d’exiger beaucoup de temps pour en voir la fin, ces monstres de plus de vingt heures nécessitent également beaucoup d’attention et de dévouement dès le départ pour comprendre les mécanismes de jeu, et il est tentant de laisser tomber tout ça et de laisser le jeu que vous avez payé 60 dollars prendre la poussière. ».


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